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dimanche 19 décembre 2010

Noël 2010


En ce quatrième dimanche de l’Avent, je vous propose une petite réflexion sur le sens de Noël. Cette réflexion sera guidée par Guy Gilbert et par un conte de Noël.
 Je vous souhaite à toutes et à tous un joyeux Noël et une heureuse année 2011 !
Merci pour votre fidélité.

JF Ruscart


Noël raté ? Noël gagné ?

Alors, Noël…
Si tu ne penses d’abord qu’à lorgner les vitrines pour savoir ce que tu vas acheter pour tes gosses, Noël, c’est raté !
Si tu succombes au désir de tes mômes qui veulent une voiture de police, une mitraillette en plastique et la panoplie complète du para, Noël, c’est raté !
Si tu as déjà dépoussiéré le petit Jésus en sucre et ses parents en chocolat… sans oublier un seul des bestiaux en caramel de la crèche, Noël, c’est raté !
Si, avant toute chose, champagne, gâteaux, repas hors de l’ordinaire sont déjà programmés, Noël, c’est raté !
Si tu commences à dresser la liste des gens à inviter en prenant soin d’exclure ceux et celles qui vont troubler la fête tranquille, Noël, c’est raté !
Si tu ne prends pas le temps de méditer, durant cet Avent, le merveilleux mystère de la nuit de Noël, la pauvreté de l’Enfant Jésus, le dénuement absolu des immigrés que sont ses parents, Noël, c’est raté !
Si tu lorgnes déjà le couple de chômeurs de ton immeuble qui, sans toi, va « fêter » cette nuit dans un peu de détresse et de solitude, alors, Noël, c’est gagné !
Si tu n’attends pas pour dire à une personne seule à l’avance qu’elle sera ton invitée, pour qu’elle savoure d’avance ces quelques heures où elle sera reine, alors, Noël, c’est gagné !
Si tu prends la peine de réfléchir à ce mystère d’amour et de pauvreté qui, au cours des âges, a été défloré, foulé aux pieds et travesti en fête égoïste, faite de beuverie et de gueuleton, alors, Noël, c’est gagné !
Si tu continues à vivre ce mystère en pensant que le partage, c’est pas seulement l’affaire d’une nuit, alors, Noël illuminera toute ton année.

Guy GILBERT





Les souliers de la ville     de Guillaume Lesage

Il était une fois une grande ville, toute grise. Les fumées des usines et les vapeurs des automobiles ne montaient jamais bien haut dans le ciel. Elles restaient là, par-dessus les toits, comme un lourd couvercle. Les habitants, nombreux, s'entassaient dans de petits cubes, qu'on appelait des appartements, et les petits cubes s'entassaient pour former de gros cubes, qu'on appelait des immeubles. On vivait les uns sur les autres, et pourtant chacun se sentait seul. On ne se parlait jamais vraiment, on se craignait, on se regardait par en-dessous. Entre tous, régnait le soupçon. Chaque jour, le commissaire principal Léonard recevait des dizaines et des dizaines de coups de téléphone, du genre:

-          Mon voisin n'ouvre jamais ses volets. Vous ne trouvez pas cela bizarre?
-          Ma voisine rentre tous les soirs à 8 heures, avec une grosse valise bourrée de je ne sais quoi.
-         Faites quelque chose, j'ai peur... L'homme qui habite au troisième en face a une tête en long, je n'aime pas du tout cela...

Le commissaire Léonard n'avait pas assez de policiers pour enquêter, pour avertir et pour sanctionner. Il mettait lui-même la main à la pâte et se montrait dans les quartiers avec un revolver.

-          Vous avez une tête en long, attention, on vous a l’œil...

Dès la maternelle, et même avant si possible, on apprenait aux enfants que l'essentiel dans la. vie était de toujours bien garder ses clefs. II fallait des clefs pour toutes les portes, celles des entrées, celles des chambres, et celles des petits coins, mais aussi pour mettre en marche les voitures, les réfrigérateurs, les aspirateurs, et toutes les machines du jour et de la nuit. Même les enfants portaient à leur ceinture de lourds trousseaux: une clef pour le cartable, une pour le plumier, une pour la boîte à jouets, une pour la trottinette, une pour la boîte à bonbons.
La plus précieuse était une petite clef dorée que chacun devait protéger par dessus tout: celle qui verrouillait le cœur. Il ne fallait jamais, jamais ouvrir son cœur, c'était la pire des choses, tout le monde le savait. Les contes pour enfants et pour adultes étaient pleins d'histoires de ces imprudents qui avaient ouvert leur cœur ou qui, plus grave encore, l'avaient donné. Alors, ils se sentaient tout chose, tout tendres, mous comme des caramels, ils chantaient et déliraient. Ils devenaient complètement fous. Une affaire étrange avait récemment ému la ville entière .Un jeune homme blond, un peu trop barbu .avait été surpris sur un boulevard en train de chanter: « Dadou Dadadou » Aussitôt, quelques passants musclés l'avaient ceinturé et conduit chez le commissaire Léonard. Non seulement il chantait dans la rue, ce qui n'était guère convenable, mais en plus, il parlait une langue inconnue. Ce pouvait être un espion, une sorte de monstre pervers ou maléfique. Pendant le trajet, ceux qui l'avaient arrêté remarquèrent que son cœur était mal fermé. Certains ajoutèrent même: entrouvert.
-          Vous dites vous appeler «Cricri» ? demanda le commissaire.
-          C'est votre vrai nom, ça?
-          On m'a toujours appelé ainsi, Monsieur le Commissaire.
-          Bizarre...Et « Dadou      Dadadou ",qu'est-ce que cela veut dire?
-          Je ne sais pas, Monsieur le Commissaire...
-          -Vous me prenez pour un imbécile? Puisque c'est comme cela, vous resterez en prison tant que vous ne le direz pas...


Cela se passait quelques jours avant Noël. Noël était une fête, mais on ne savait plus de qui ou de quoi. Les plus vieux disaient qu'on leur avait expliqué autrefois, mais dans leur tête, c'était devenu vague, si vague... On savait seulement ce qu'il fallait faire: exposer le soir ses souliers dans la salle commune pour y trouver de beaux cadeaux le lendemain matin. Cette année là, Noël commença comme les autres fois:' dans les appartements soigneusement barricadés, on veilla jusqu'à minuit, on mangea un peu plus que d'habitude. On but, mais pas trop, pour ne pas attraper de graves maladies. Et chacun exposa ses chaussures. C'est alors que tout changea. Au petit jour, on se précipita... mais au lieu de cris de joie, ce furent des gémissements et des plaintes furieuses. Pas un seul cadeau, pour personne! pas le moindre petit bout de cadeau! Pas même un nougat, pas un chocolat, pas une cacahuète! Il Y avait plus inquiétant encore: pendant la nuit, quelqu'un avait visité chaque appartement et avait joué avec les souliers! Chacun retrouvait bien sa chaussure gauche, mais la droite avait disparu et avait été remplacée par une autre, sans rapport avec la première! Par exemple, un monsieur digne, président de choses importantes, se retrouvait avec un chausson d'enfant, brodé de deux petits lapins roses! Une grand-mère s'inquiétait de cet énorme pataugas arrivé soudainement dans sa chambre! Une jolie dame, très distinguée, s'indignait d'avoir hérité d'un basket plutôt sale! Une petite fille pleurait la perte de sa ballerine, remplacée par un soulier à clous de gendarme! Un gros garçon rougissait devant un talon aiguille! ...Toutes les paires étaient dépareillées! La grande ville toute grise s'emplit alors d'une clameur si nouvelle, si violente, que le ciel se fendit et que le soleil se montra pour la première fois depuis bien longtemps. Les portes s'ouvrirent. Chacun sortit dans la rue, un pied chaussé, l'autre en chaussette, et se mit à boitiller dans tous les sens, en brandissant la chaussure qui n'allait pas. On entendit partout des appels, comme à la criée, comme pour un grand marché, comme pour une immense partie d'échange.
-A qui la pantoufle dorée?
-A qui le «44» en peau de vache? -Je cherche une mule bleue!
-Je voudrais retrouver un mocassin noir. Il est très usé, mais il ne me fait pas mal au pied!
-J'ai là un «37 », qui aurait besoin d'un ressemelage!
-J'ai une botte rouge, tout ce qu'il y a de chic, en daim, un peu avachie!
-Je voudrais bien connaître la dame qui porte un escarpin verni aussi fin et aussi cher!
-Qui me rendra une sandale douce et parfumée que j'aime beaucoup recevra en récompense une vieille bottine sans lacet...
-Mon sabot vert, mon sabot vert, je ne peux vivre sans lui !
-Je donne à qui le veut cette vilaine chose. qui n'a pas été cirée depuis longtemps...

On n'avait jamais vu cela dans la grande ville, toute grise! On se parlait, on se cherchait, on se trouvait , on se rencontrait. Et on riait! On l'avait oublié, mais cela faisait beaucoup de bien de rire. Il n'y avait plus ni jeunes, ni vieux, ni riches, ni pauvres. C'était l'égalité par la chaussure! Quand ils avaient retrouvé leurs paires et fait l'échange, les gens restaient ensemble; ils s'invitaient, ils débouchaient des bouteilles et portaient des toasts!
-Je bois, disait le président, à ces lapins qui, dans la conjoncture actuelle, m'ont permis de connaître une petite Julie jolie!
-Je bois, disait le gros garçon, à votre beauté, mademoiselle, à celle de vos pieds et celle de toute votre personnel!
-Je bois, disait la grand-mère, à ma jeunesse, quand je portais des pataugas sur les chemins de randonnée...
-Je bois, disait la dame distinguée, à tous ceux qui portent des baskets pour mieux courir sur les stades et dans les forêts!
-Je bois, disait la petite fille, à tous les gendarmes du monde et pour que leurs souliers aient toujours des clous!

Celui qui avait téléphoné à cause de la tête en long s'était justement entendu pour l'échange des souliers avec le voisin qui l'inquiétait.

-Je me doutais bien, disait-il à l'homme du troisième, qu'avec une tête comme la vôtre, vous deviez être sympathique. Mais je n'avais jamais osé vous le dire! Il a fallu ce Noël...Le monsieur qui n'ouvrait jamais ses volets révélait qu'il était aveugle et que cela ne lui servait à rien d'ouvrir ses fenêtres, surtout pour sentir les vapeurs des automobiles .La dame qui rentrait le soir avec une grosse valise expliquait qu'elle rapportait des pommes de terre pour ses six enfants qui n'aimaient manger que la purée et comme, à son travail, elle pouvait en acheter moins cher.. Il faut le dire, -tout autre jour, c'eut été scandale -on vit pas mal de clefs qui traînaient dans les caniveaux de la grande ville toute grise. Certains même, invoquant le soleil et l'émotion, osaient dire:
-Je n'en peux plus, j'étouffe, excusez moi, j'ouvre mon cœur...

Quant au commissaire Léonard qui ne dormait jamais la nuit parce qu'il faisait des rondes dans tous les coins, il avait décidé pour une fois de faire la grasse matinée. Mais la rumeur de la rue finit par le réveiller. Au moment où il ouvrit sa fenêtre, des jeunes gens défilaient, chaussures à la main, et chantaient bruyamment:
-Dadou, Dadadou...
Téléphonant aussitôt à ses collaborateurs, il fut surpris de n'entendre au bout du fil que des rires, des chants incohérents et des éloges délirants du soulier.
-C'est la révolution, dit-il, en se précipitant sur son revolver, à tout hasard. Mais en passant devant sa cheminée, il s'aperçut qu'à côté de son élégante chaussure en chevreau, se trouvait une légère sandale. Il l'examina attentivement et, comme il avait lu beaucoup de romans policiers, il se lança dans de savantes déductions.
-Voyons, la pointure est élevée. C'est donc un homme .Il y a du sable sur la semelle, c'est donc un homme qui fréquente les plages ou     les déserts...

Et soudain, ce fut l'illumination, par-dessus tous ses raisonnements.
-Je la reconnais, dit-il, c'est la sandale de Cricri!
et il ne put s'empêcher de rire. En boitillant et en serrant, à tout hasard, son revolver dans sa poche, il se rendit à la prison et se fit ouvrir la cellule de Cricri.
 -Mon cher ami, commença-t-il...
mais il s'arrêta d'abord parce qu'il avait prononcé le mot« ami», un mot qu'il ne se souvenait pas avoir jamais employé au cours de sa vie .Mais il s'arrêta aussi parce que Cricri n'était plus là. A sa place, sur sa triste paillasse, reposait un nouveau-né, tout nu, sans barbe et sans cheveux. Le soleil qui tournait envoya à travers les barreaux de la fenêtre un rayon pour caresser l'enfant. Le commissaire Léonard suffoquant, lâcha son revolver dans sa poche. Son cœur se gonfla, et, contre toutes les règles de la bienséance, contre toutes les lois, son cœur s'ouvrit tout seul. Alors, il prit l'enfant et le serra dans ses bras. Pendant ce temps, sur les bords de la grande ville toute grise, là où vivaient les plus pauvres, là où les gros cubes faisaient place à des cabanes de bois, les gens s'étaient réunis chez le vieux père Martin qui vivait seul avec son chien Patou et qui en savait long. Il avait dit à ses voisins:
-Je sais qui a fait cela. Je le reconnais, il est déjà venu autrefois, c'est bien un de ces tours à lui...
On attendait ses explications en grillant des saucisses et en partageant de la bière. Le vieux Martin toussa longuement pour se dégager la gorge et se préparait à commencer son récit quand un enfant éclata en sanglots.
   -Maman, Maman, j'ai perdu mes clefs...
   -Ne t'occupe plus de cela, dit la mère, écoute le Père Martin!
Et Martin raconta l'histoire d'un homme et d'une femme qui, il y a très longtemps, cherchaient une chambre d'hôtel du côté de Bethléem...
          
Les souliers de la ville
Guillaume Lesage
la Vie n° 1790 -20 décembre 1979, p. 41

dimanche 5 décembre 2010

Dimanche 05 décembre 2010 : deuxième Dimanche de l'Avent, année A

Évangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu 3,1-12.

En ces jours-là, paraît Jean le Baptiste, qui proclame dans le désert de Judée : « Convertissez-vous, car le Royaume des cieux est tout proche. » Jean est celui que désignait la parole transmise par le prophète Isaïe : A travers le désert, une voix crie : Préparez le chemin du Seigneur, aplanissez sa route. Jean portait un vêtement de poils de chameau, et une ceinture de cuir autour des reins ; il se nourrissait de sauterelles et de miel sauvage. Alors Jérusalem, toute la Judée et toute la région du Jourdain venaient à lui, et ils se faisaient baptiser par lui dans le Jourdain en reconnaissant leurs péchés. Voyant des pharisiens et des sadducéens venir en grand nombre à ce baptême, il leur dit : « Engeance de vipères ! Qui vous a appris à fuir la colère qui vient ? Produisez donc un fruit qui exprime votre conversion, et n'allez pas dire en vous-mêmes : 'Nous avons Abraham pour père' ; car, je vous le dis : avec les pierres que voici, Dieu peut faire surgir des enfants à Abraham. Déjà la cognée se trouve à la racine des arbres : tout arbre qui ne produit pas de bons fruits va être coupé et jeté au feu. Moi, je vous baptise dans l'eau, pour vous amener à la conversion. Mais celui qui vient derrière moi est plus fort que moi, et je ne suis pas digne de lui retirer ses sandales. Lui vous baptisera dans l'Esprit Saint et dans le feu ; il tient la pelle à vanner dans sa main, il va nettoyer son aire à battre le blé, et il amassera le grain dans son grenier. Quant à la paille, il la brûlera dans un feu qui ne s'éteint pas. »

Extrait de la Traduction Liturgique de la Bible - © AELF, Paris



Dans ce texte d’évangile, Matthieu met dans la bouche de Jean-Baptiste des paroles très dures qui sont adressées aux notables « bien pensants » de son époque. Ce qui leur est reproché, ce n’est pas leur fidélité au culte ou aux rites religieux mais bien le fait que, par cette fidélité même, ils s’estiment « parfaits », n’attendant plus que la récompense qu’ils estiment leur être due. Ce message, c’est avant tout à nous les chrétiens qu’il s’adresse aujourd’hui : nous sommes invités à laisser le Christ changer notre vie en profondeur. Il ne suffit pas de nous réfugier dans nos pratiques religieuses au risque de nous endormir dans nos églises de pierres, il nous faut aller de l’avant, nous engager dans la société et œuvrer à la transformer. Un peu plus loin dans l’évangile selon St Matthieu, le Christ lui-même nous interpelle : « Vous êtes le sel de la terre », il nous montre le chemin : agir sur le monde pour lui donner une autre saveur. Ce « goût » que le Christ nous invite à répandre, c’est celui du respect de l’autre, de la solidarité, de l’amour.




La visite de Dieu

Un brahmane très pieux, tous les jours à son réveil, prenait son bain rituel et partait aussitôt vers le temple, son panier d'offrandes à la main. Il allait assister à la prière du matin. De même le midi et le soir, il retournait au temple. Ainsi, trois fois par jour, il rendait un culte à Dieu. Avec ferveur il priait : " Seigneur, je viens te rendre visite chez toi, sans que j'aie manqué un seul jour. Matin et soir, je te fais des offrandes. Ne peux-tu pas venir chez moi ? " Attentif à cette prière quotidienne, Dieu lui répondit enfin : " Demain, je viendrai. "
Tout heureux il se met à laver à grande eau sa maison. Il fait tracer devant le seuil des dessins en pâte de riz. À l'aube, il attache une guirlande de feuilles de manguier à l'entrée de sa maison. Dans la salle de réception, des plateaux de fruits, de galettes sucrées et de fleurs s'étalent à profusion. Tout est prêt pour recevoir Dieu. Il se tient debout pour l'accueillir.
L'heure de la prière matinale approche. Un petit garçon qui passe par là aperçoit, par la fenêtre ouverte, les plateaux de galettes. Il s'approche : " Grand-père, tu as beaucoup de galettes, là-dedans, ne peux-tu m'en donner une ? " Furieux de l'audace du gamin, il réplique : " Veux-tu filer, moucheron. Comment oses-tu demander ce qui est préparé pour Dieu ? " Et le petit garçon effrayé s'enfuit.
La cloche du temple a sonné. La prière est terminée. " Dieu viendra après le culte de midi, attendons-le. " Fatigué, il s'assoit sur le banc. Un mendiant arrive et lui demande l'aumône. Le brahmane le chasse vertement. Puis il lave soigneusement la place souillée par les pieds du mendiant. .. Et midi passe . . . Dieu n'est toujours pas au rendez-vous.
Le soir vient. Tout triste, il attend toujours la visite promise. Un pèlerin se présente à l'heure de la prière. " Permettez-moi de me reposer sur le banc et d'y dormir cette nuit". "Jamais de la vie ! C'est le siège réservé à Dieu ! " La nuit est tombée. Dieu n'a pas tenu sa promesse, pense-t-il tout triste.
Le lendemain, revenu au temple pour la prière, il renouvelle ses offrandes et fond en larmes : " Seigneur, tu n'es pas venu chez moi comme tu me l'avais promis ! Pourquoi ? " Une voix lui dit alors : " Je suis venu trois fois, et chaque fois tu m'as chassé... "

Légende indienne


La terre

Voici la terre !
Elle n'est pas toujours très fière.
Depuis la nuit des temps, sans doute,
les hommes l’ont labourée pour semer le grain,
en faire du pain,
et donner à manger à ceux qui ont faim.

Mais ils l’ont labourée aussi,
avec les chenilles de leurs chars,
et arrosée du sang de leurs morts.
Aujourd'hui, ils la saccagent encore
et la polluent de toutes leurs ordures.
Pauvre terre ! Quelle misère !

Mais la terre, c’est aussi le terreau
dans lequel les plantes, les fleurs et les arbres
plongent leurs racines et puisent la vie.
L'homme a besoin d'une terre aussi.
Et, quand il est déraciné,
sa vie, souvent, s'étiole et se fane.

Dieu a confié la terre aux hommes
pour y semer l'amour et la vie,
pour y faire pousser un peuple de frères.
Alors tu seras fière, ma terre !

Bernard HUBLER