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dimanche 19 décembre 2010

Noël 2010


En ce quatrième dimanche de l’Avent, je vous propose une petite réflexion sur le sens de Noël. Cette réflexion sera guidée par Guy Gilbert et par un conte de Noël.
 Je vous souhaite à toutes et à tous un joyeux Noël et une heureuse année 2011 !
Merci pour votre fidélité.

JF Ruscart


Noël raté ? Noël gagné ?

Alors, Noël…
Si tu ne penses d’abord qu’à lorgner les vitrines pour savoir ce que tu vas acheter pour tes gosses, Noël, c’est raté !
Si tu succombes au désir de tes mômes qui veulent une voiture de police, une mitraillette en plastique et la panoplie complète du para, Noël, c’est raté !
Si tu as déjà dépoussiéré le petit Jésus en sucre et ses parents en chocolat… sans oublier un seul des bestiaux en caramel de la crèche, Noël, c’est raté !
Si, avant toute chose, champagne, gâteaux, repas hors de l’ordinaire sont déjà programmés, Noël, c’est raté !
Si tu commences à dresser la liste des gens à inviter en prenant soin d’exclure ceux et celles qui vont troubler la fête tranquille, Noël, c’est raté !
Si tu ne prends pas le temps de méditer, durant cet Avent, le merveilleux mystère de la nuit de Noël, la pauvreté de l’Enfant Jésus, le dénuement absolu des immigrés que sont ses parents, Noël, c’est raté !
Si tu lorgnes déjà le couple de chômeurs de ton immeuble qui, sans toi, va « fêter » cette nuit dans un peu de détresse et de solitude, alors, Noël, c’est gagné !
Si tu n’attends pas pour dire à une personne seule à l’avance qu’elle sera ton invitée, pour qu’elle savoure d’avance ces quelques heures où elle sera reine, alors, Noël, c’est gagné !
Si tu prends la peine de réfléchir à ce mystère d’amour et de pauvreté qui, au cours des âges, a été défloré, foulé aux pieds et travesti en fête égoïste, faite de beuverie et de gueuleton, alors, Noël, c’est gagné !
Si tu continues à vivre ce mystère en pensant que le partage, c’est pas seulement l’affaire d’une nuit, alors, Noël illuminera toute ton année.

Guy GILBERT





Les souliers de la ville     de Guillaume Lesage

Il était une fois une grande ville, toute grise. Les fumées des usines et les vapeurs des automobiles ne montaient jamais bien haut dans le ciel. Elles restaient là, par-dessus les toits, comme un lourd couvercle. Les habitants, nombreux, s'entassaient dans de petits cubes, qu'on appelait des appartements, et les petits cubes s'entassaient pour former de gros cubes, qu'on appelait des immeubles. On vivait les uns sur les autres, et pourtant chacun se sentait seul. On ne se parlait jamais vraiment, on se craignait, on se regardait par en-dessous. Entre tous, régnait le soupçon. Chaque jour, le commissaire principal Léonard recevait des dizaines et des dizaines de coups de téléphone, du genre:

-          Mon voisin n'ouvre jamais ses volets. Vous ne trouvez pas cela bizarre?
-          Ma voisine rentre tous les soirs à 8 heures, avec une grosse valise bourrée de je ne sais quoi.
-         Faites quelque chose, j'ai peur... L'homme qui habite au troisième en face a une tête en long, je n'aime pas du tout cela...

Le commissaire Léonard n'avait pas assez de policiers pour enquêter, pour avertir et pour sanctionner. Il mettait lui-même la main à la pâte et se montrait dans les quartiers avec un revolver.

-          Vous avez une tête en long, attention, on vous a l’œil...

Dès la maternelle, et même avant si possible, on apprenait aux enfants que l'essentiel dans la. vie était de toujours bien garder ses clefs. II fallait des clefs pour toutes les portes, celles des entrées, celles des chambres, et celles des petits coins, mais aussi pour mettre en marche les voitures, les réfrigérateurs, les aspirateurs, et toutes les machines du jour et de la nuit. Même les enfants portaient à leur ceinture de lourds trousseaux: une clef pour le cartable, une pour le plumier, une pour la boîte à jouets, une pour la trottinette, une pour la boîte à bonbons.
La plus précieuse était une petite clef dorée que chacun devait protéger par dessus tout: celle qui verrouillait le cœur. Il ne fallait jamais, jamais ouvrir son cœur, c'était la pire des choses, tout le monde le savait. Les contes pour enfants et pour adultes étaient pleins d'histoires de ces imprudents qui avaient ouvert leur cœur ou qui, plus grave encore, l'avaient donné. Alors, ils se sentaient tout chose, tout tendres, mous comme des caramels, ils chantaient et déliraient. Ils devenaient complètement fous. Une affaire étrange avait récemment ému la ville entière .Un jeune homme blond, un peu trop barbu .avait été surpris sur un boulevard en train de chanter: « Dadou Dadadou » Aussitôt, quelques passants musclés l'avaient ceinturé et conduit chez le commissaire Léonard. Non seulement il chantait dans la rue, ce qui n'était guère convenable, mais en plus, il parlait une langue inconnue. Ce pouvait être un espion, une sorte de monstre pervers ou maléfique. Pendant le trajet, ceux qui l'avaient arrêté remarquèrent que son cœur était mal fermé. Certains ajoutèrent même: entrouvert.
-          Vous dites vous appeler «Cricri» ? demanda le commissaire.
-          C'est votre vrai nom, ça?
-          On m'a toujours appelé ainsi, Monsieur le Commissaire.
-          Bizarre...Et « Dadou      Dadadou ",qu'est-ce que cela veut dire?
-          Je ne sais pas, Monsieur le Commissaire...
-          -Vous me prenez pour un imbécile? Puisque c'est comme cela, vous resterez en prison tant que vous ne le direz pas...


Cela se passait quelques jours avant Noël. Noël était une fête, mais on ne savait plus de qui ou de quoi. Les plus vieux disaient qu'on leur avait expliqué autrefois, mais dans leur tête, c'était devenu vague, si vague... On savait seulement ce qu'il fallait faire: exposer le soir ses souliers dans la salle commune pour y trouver de beaux cadeaux le lendemain matin. Cette année là, Noël commença comme les autres fois:' dans les appartements soigneusement barricadés, on veilla jusqu'à minuit, on mangea un peu plus que d'habitude. On but, mais pas trop, pour ne pas attraper de graves maladies. Et chacun exposa ses chaussures. C'est alors que tout changea. Au petit jour, on se précipita... mais au lieu de cris de joie, ce furent des gémissements et des plaintes furieuses. Pas un seul cadeau, pour personne! pas le moindre petit bout de cadeau! Pas même un nougat, pas un chocolat, pas une cacahuète! Il Y avait plus inquiétant encore: pendant la nuit, quelqu'un avait visité chaque appartement et avait joué avec les souliers! Chacun retrouvait bien sa chaussure gauche, mais la droite avait disparu et avait été remplacée par une autre, sans rapport avec la première! Par exemple, un monsieur digne, président de choses importantes, se retrouvait avec un chausson d'enfant, brodé de deux petits lapins roses! Une grand-mère s'inquiétait de cet énorme pataugas arrivé soudainement dans sa chambre! Une jolie dame, très distinguée, s'indignait d'avoir hérité d'un basket plutôt sale! Une petite fille pleurait la perte de sa ballerine, remplacée par un soulier à clous de gendarme! Un gros garçon rougissait devant un talon aiguille! ...Toutes les paires étaient dépareillées! La grande ville toute grise s'emplit alors d'une clameur si nouvelle, si violente, que le ciel se fendit et que le soleil se montra pour la première fois depuis bien longtemps. Les portes s'ouvrirent. Chacun sortit dans la rue, un pied chaussé, l'autre en chaussette, et se mit à boitiller dans tous les sens, en brandissant la chaussure qui n'allait pas. On entendit partout des appels, comme à la criée, comme pour un grand marché, comme pour une immense partie d'échange.
-A qui la pantoufle dorée?
-A qui le «44» en peau de vache? -Je cherche une mule bleue!
-Je voudrais retrouver un mocassin noir. Il est très usé, mais il ne me fait pas mal au pied!
-J'ai là un «37 », qui aurait besoin d'un ressemelage!
-J'ai une botte rouge, tout ce qu'il y a de chic, en daim, un peu avachie!
-Je voudrais bien connaître la dame qui porte un escarpin verni aussi fin et aussi cher!
-Qui me rendra une sandale douce et parfumée que j'aime beaucoup recevra en récompense une vieille bottine sans lacet...
-Mon sabot vert, mon sabot vert, je ne peux vivre sans lui !
-Je donne à qui le veut cette vilaine chose. qui n'a pas été cirée depuis longtemps...

On n'avait jamais vu cela dans la grande ville, toute grise! On se parlait, on se cherchait, on se trouvait , on se rencontrait. Et on riait! On l'avait oublié, mais cela faisait beaucoup de bien de rire. Il n'y avait plus ni jeunes, ni vieux, ni riches, ni pauvres. C'était l'égalité par la chaussure! Quand ils avaient retrouvé leurs paires et fait l'échange, les gens restaient ensemble; ils s'invitaient, ils débouchaient des bouteilles et portaient des toasts!
-Je bois, disait le président, à ces lapins qui, dans la conjoncture actuelle, m'ont permis de connaître une petite Julie jolie!
-Je bois, disait le gros garçon, à votre beauté, mademoiselle, à celle de vos pieds et celle de toute votre personnel!
-Je bois, disait la grand-mère, à ma jeunesse, quand je portais des pataugas sur les chemins de randonnée...
-Je bois, disait la dame distinguée, à tous ceux qui portent des baskets pour mieux courir sur les stades et dans les forêts!
-Je bois, disait la petite fille, à tous les gendarmes du monde et pour que leurs souliers aient toujours des clous!

Celui qui avait téléphoné à cause de la tête en long s'était justement entendu pour l'échange des souliers avec le voisin qui l'inquiétait.

-Je me doutais bien, disait-il à l'homme du troisième, qu'avec une tête comme la vôtre, vous deviez être sympathique. Mais je n'avais jamais osé vous le dire! Il a fallu ce Noël...Le monsieur qui n'ouvrait jamais ses volets révélait qu'il était aveugle et que cela ne lui servait à rien d'ouvrir ses fenêtres, surtout pour sentir les vapeurs des automobiles .La dame qui rentrait le soir avec une grosse valise expliquait qu'elle rapportait des pommes de terre pour ses six enfants qui n'aimaient manger que la purée et comme, à son travail, elle pouvait en acheter moins cher.. Il faut le dire, -tout autre jour, c'eut été scandale -on vit pas mal de clefs qui traînaient dans les caniveaux de la grande ville toute grise. Certains même, invoquant le soleil et l'émotion, osaient dire:
-Je n'en peux plus, j'étouffe, excusez moi, j'ouvre mon cœur...

Quant au commissaire Léonard qui ne dormait jamais la nuit parce qu'il faisait des rondes dans tous les coins, il avait décidé pour une fois de faire la grasse matinée. Mais la rumeur de la rue finit par le réveiller. Au moment où il ouvrit sa fenêtre, des jeunes gens défilaient, chaussures à la main, et chantaient bruyamment:
-Dadou, Dadadou...
Téléphonant aussitôt à ses collaborateurs, il fut surpris de n'entendre au bout du fil que des rires, des chants incohérents et des éloges délirants du soulier.
-C'est la révolution, dit-il, en se précipitant sur son revolver, à tout hasard. Mais en passant devant sa cheminée, il s'aperçut qu'à côté de son élégante chaussure en chevreau, se trouvait une légère sandale. Il l'examina attentivement et, comme il avait lu beaucoup de romans policiers, il se lança dans de savantes déductions.
-Voyons, la pointure est élevée. C'est donc un homme .Il y a du sable sur la semelle, c'est donc un homme qui fréquente les plages ou     les déserts...

Et soudain, ce fut l'illumination, par-dessus tous ses raisonnements.
-Je la reconnais, dit-il, c'est la sandale de Cricri!
et il ne put s'empêcher de rire. En boitillant et en serrant, à tout hasard, son revolver dans sa poche, il se rendit à la prison et se fit ouvrir la cellule de Cricri.
 -Mon cher ami, commença-t-il...
mais il s'arrêta d'abord parce qu'il avait prononcé le mot« ami», un mot qu'il ne se souvenait pas avoir jamais employé au cours de sa vie .Mais il s'arrêta aussi parce que Cricri n'était plus là. A sa place, sur sa triste paillasse, reposait un nouveau-né, tout nu, sans barbe et sans cheveux. Le soleil qui tournait envoya à travers les barreaux de la fenêtre un rayon pour caresser l'enfant. Le commissaire Léonard suffoquant, lâcha son revolver dans sa poche. Son cœur se gonfla, et, contre toutes les règles de la bienséance, contre toutes les lois, son cœur s'ouvrit tout seul. Alors, il prit l'enfant et le serra dans ses bras. Pendant ce temps, sur les bords de la grande ville toute grise, là où vivaient les plus pauvres, là où les gros cubes faisaient place à des cabanes de bois, les gens s'étaient réunis chez le vieux père Martin qui vivait seul avec son chien Patou et qui en savait long. Il avait dit à ses voisins:
-Je sais qui a fait cela. Je le reconnais, il est déjà venu autrefois, c'est bien un de ces tours à lui...
On attendait ses explications en grillant des saucisses et en partageant de la bière. Le vieux Martin toussa longuement pour se dégager la gorge et se préparait à commencer son récit quand un enfant éclata en sanglots.
   -Maman, Maman, j'ai perdu mes clefs...
   -Ne t'occupe plus de cela, dit la mère, écoute le Père Martin!
Et Martin raconta l'histoire d'un homme et d'une femme qui, il y a très longtemps, cherchaient une chambre d'hôtel du côté de Bethléem...
          
Les souliers de la ville
Guillaume Lesage
la Vie n° 1790 -20 décembre 1979, p. 41

dimanche 5 décembre 2010

Dimanche 05 décembre 2010 : deuxième Dimanche de l'Avent, année A

Évangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu 3,1-12.

En ces jours-là, paraît Jean le Baptiste, qui proclame dans le désert de Judée : « Convertissez-vous, car le Royaume des cieux est tout proche. » Jean est celui que désignait la parole transmise par le prophète Isaïe : A travers le désert, une voix crie : Préparez le chemin du Seigneur, aplanissez sa route. Jean portait un vêtement de poils de chameau, et une ceinture de cuir autour des reins ; il se nourrissait de sauterelles et de miel sauvage. Alors Jérusalem, toute la Judée et toute la région du Jourdain venaient à lui, et ils se faisaient baptiser par lui dans le Jourdain en reconnaissant leurs péchés. Voyant des pharisiens et des sadducéens venir en grand nombre à ce baptême, il leur dit : « Engeance de vipères ! Qui vous a appris à fuir la colère qui vient ? Produisez donc un fruit qui exprime votre conversion, et n'allez pas dire en vous-mêmes : 'Nous avons Abraham pour père' ; car, je vous le dis : avec les pierres que voici, Dieu peut faire surgir des enfants à Abraham. Déjà la cognée se trouve à la racine des arbres : tout arbre qui ne produit pas de bons fruits va être coupé et jeté au feu. Moi, je vous baptise dans l'eau, pour vous amener à la conversion. Mais celui qui vient derrière moi est plus fort que moi, et je ne suis pas digne de lui retirer ses sandales. Lui vous baptisera dans l'Esprit Saint et dans le feu ; il tient la pelle à vanner dans sa main, il va nettoyer son aire à battre le blé, et il amassera le grain dans son grenier. Quant à la paille, il la brûlera dans un feu qui ne s'éteint pas. »

Extrait de la Traduction Liturgique de la Bible - © AELF, Paris



Dans ce texte d’évangile, Matthieu met dans la bouche de Jean-Baptiste des paroles très dures qui sont adressées aux notables « bien pensants » de son époque. Ce qui leur est reproché, ce n’est pas leur fidélité au culte ou aux rites religieux mais bien le fait que, par cette fidélité même, ils s’estiment « parfaits », n’attendant plus que la récompense qu’ils estiment leur être due. Ce message, c’est avant tout à nous les chrétiens qu’il s’adresse aujourd’hui : nous sommes invités à laisser le Christ changer notre vie en profondeur. Il ne suffit pas de nous réfugier dans nos pratiques religieuses au risque de nous endormir dans nos églises de pierres, il nous faut aller de l’avant, nous engager dans la société et œuvrer à la transformer. Un peu plus loin dans l’évangile selon St Matthieu, le Christ lui-même nous interpelle : « Vous êtes le sel de la terre », il nous montre le chemin : agir sur le monde pour lui donner une autre saveur. Ce « goût » que le Christ nous invite à répandre, c’est celui du respect de l’autre, de la solidarité, de l’amour.




La visite de Dieu

Un brahmane très pieux, tous les jours à son réveil, prenait son bain rituel et partait aussitôt vers le temple, son panier d'offrandes à la main. Il allait assister à la prière du matin. De même le midi et le soir, il retournait au temple. Ainsi, trois fois par jour, il rendait un culte à Dieu. Avec ferveur il priait : " Seigneur, je viens te rendre visite chez toi, sans que j'aie manqué un seul jour. Matin et soir, je te fais des offrandes. Ne peux-tu pas venir chez moi ? " Attentif à cette prière quotidienne, Dieu lui répondit enfin : " Demain, je viendrai. "
Tout heureux il se met à laver à grande eau sa maison. Il fait tracer devant le seuil des dessins en pâte de riz. À l'aube, il attache une guirlande de feuilles de manguier à l'entrée de sa maison. Dans la salle de réception, des plateaux de fruits, de galettes sucrées et de fleurs s'étalent à profusion. Tout est prêt pour recevoir Dieu. Il se tient debout pour l'accueillir.
L'heure de la prière matinale approche. Un petit garçon qui passe par là aperçoit, par la fenêtre ouverte, les plateaux de galettes. Il s'approche : " Grand-père, tu as beaucoup de galettes, là-dedans, ne peux-tu m'en donner une ? " Furieux de l'audace du gamin, il réplique : " Veux-tu filer, moucheron. Comment oses-tu demander ce qui est préparé pour Dieu ? " Et le petit garçon effrayé s'enfuit.
La cloche du temple a sonné. La prière est terminée. " Dieu viendra après le culte de midi, attendons-le. " Fatigué, il s'assoit sur le banc. Un mendiant arrive et lui demande l'aumône. Le brahmane le chasse vertement. Puis il lave soigneusement la place souillée par les pieds du mendiant. .. Et midi passe . . . Dieu n'est toujours pas au rendez-vous.
Le soir vient. Tout triste, il attend toujours la visite promise. Un pèlerin se présente à l'heure de la prière. " Permettez-moi de me reposer sur le banc et d'y dormir cette nuit". "Jamais de la vie ! C'est le siège réservé à Dieu ! " La nuit est tombée. Dieu n'a pas tenu sa promesse, pense-t-il tout triste.
Le lendemain, revenu au temple pour la prière, il renouvelle ses offrandes et fond en larmes : " Seigneur, tu n'es pas venu chez moi comme tu me l'avais promis ! Pourquoi ? " Une voix lui dit alors : " Je suis venu trois fois, et chaque fois tu m'as chassé... "

Légende indienne


La terre

Voici la terre !
Elle n'est pas toujours très fière.
Depuis la nuit des temps, sans doute,
les hommes l’ont labourée pour semer le grain,
en faire du pain,
et donner à manger à ceux qui ont faim.

Mais ils l’ont labourée aussi,
avec les chenilles de leurs chars,
et arrosée du sang de leurs morts.
Aujourd'hui, ils la saccagent encore
et la polluent de toutes leurs ordures.
Pauvre terre ! Quelle misère !

Mais la terre, c’est aussi le terreau
dans lequel les plantes, les fleurs et les arbres
plongent leurs racines et puisent la vie.
L'homme a besoin d'une terre aussi.
Et, quand il est déraciné,
sa vie, souvent, s'étiole et se fane.

Dieu a confié la terre aux hommes
pour y semer l'amour et la vie,
pour y faire pousser un peuple de frères.
Alors tu seras fière, ma terre !

Bernard HUBLER

dimanche 28 novembre 2010

Dimanche 28 novembre 2010 : premier dimanche de l'Avent, année A

Évangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu 24,37-44.

Jésus parlait à ses disciples de sa venue : « L'avènement du Fils de l'homme ressemblera à ce qui s'est passé à l'époque de Noé. A cette époque, avant le déluge, on mangeait, on buvait, on se mariait, jusqu'au jour où Noé entra dans l'arche. Les gens ne se sont doutés de rien, jusqu'au déluge qui les a tous engloutis : tel sera aussi l'avènement du Fils de l'homme. Deux hommes seront aux champs : l'un est pris, l'autre laissé. Deux femmes seront au moulin : l'une est prise, l'autre laissée. Veillez donc, car vous ne connaissez pas le jour où votre Seigneur viendra. Vous le savez bien : si le maître de maison avait su à quelle heure de la nuit le voleur viendrait, il aurait veillé et n'aurait pas laissé percer le mur de sa maison. Tenez-vous donc prêts, vous aussi : c'est à l'heure où vous n'y penserez pas que le Fils de l'homme viendra.

Extrait de la Traduction Liturgique de la Bible - © AELF, Paris


Temps liturgique précédant la fête de Noël. Quatre dimanches de l'Avent. Ce temps de préparation à la célébration de la naissance de Jésus est marqué par la symbolique de l'attente et du désir. Une tradition de l'Avent utilise la symbolique des bougies au long des quatre dimanches. Premier dimanche la bougie symbolise le pardon à Adam et Eve, Deuxième dimanche la bougie symbolise la foi des Patriarches, en la Terre Promise. Troisième dimanche la bougie symbolise la joie de David, célébrant l'Alliance avec Dieu. Quatrième dimanche la bougie symbolise l'enseignement des Prophètes, annonçant un règne de paix et de justice. Avent : début de l'année liturgique

Eglise catholique en France


DEVENIR VRAIMENT LIBRE

Tel est bien un des buts principaux de la vie, nous a dit la Bible. Mais comment peut-on se libérer? Lisons ce conte. Il nous aidera peut-être à comprendre.

Un jour un prisonnier fut relâché par ses gardiens. Mais ceux-ci, voulant le mettre à l'épreuve, le conduisirent au milieu d'un immense désert plein de gouffres profonds et de montagnes infranchissables. Seules quelques sources, à peine visibles, donnaient de l'eau bienfaisante. Au bout de ce désert, se dressait une ville où il faisait bon vivre.
Les gardiens dirent alors au prisonnier :
-Tu es libre. Tu peux faire ce que tu veux.
Quelques heures après, un vieux sage, nomade, qui avait traversé souvent le désert, rencontra le prisonnier. Il lui dit :
-Tu sais, si tu veux vraiment jouir de ta liberté, traverse le désert. Tu retrouveras tes frères les hommes. Voici une boussole et une Carte où sont marquées les sources qui te permettront de boire et les obstacles qu'il te faudra contourner. Au pied de la montagne rouge, tu trouveras une troupe d'hommes qui est en route elle aussi vers la ville où il fait bon vivre. Bonne route!
Mais le prisonnier se dit :
-Je suis libre. C'en est fini des contraintes. Ce nomade veut m'imposer un chemin. Je n'en veux pas ! Et il jeta la boussole et la carte. Alors cet homme se perdit bientôt dans le désert et il n’atteignit jamais la ville.

Un an plus tard, les gardiens recommencèrent avec un autre prisonnier. Celui-ci rencontra le même nomade et, tout joyeux, il suivit les indications de la boussole et de la carte. Alors, il trouva la troupe d'hommes. Avec elle, la marche fut longue, parfois pénible. Mais il y avait le plaisir de boire aux sources d'eau fraîche. Il y avait surtout la joie d'être avec les autres. Enfin, un matin, la ville se dessina à l’horizon. Après une dernière journée de marche, ils purent tous s'y installer et ils y vécurent très heureux.

Lequel de ces deux prisonniers a pu se libérer vraiment? Le second, parce qu'il s'est obligé à suivre les indications qu'on lui avait données et a pu rejoindre ainsi ses frères les hommes qui cheminaient dans le désert

Eh bien, notre vie, c'est un peu comme la marche de ce prisonnier.. une marche vers une vraie liberté. Pour arriver au bout, il faut tenir compte de la carte et de la boussole. La carte, pour nous, ce sont les indications des hommes de science. Elles nous montrent les passages obligatoires de notre route et aussi les obstacles qu'on ne peut pas franchir. La boussole ce sont les recommandations morales des hommes et des femmes qui, avant nous, ont commencé à découvrir et à parcourir le chemin de la vraie liberté. Cette boussole nous indique une bonne direction mais c'est à nous de trouver peu à peu le chemin. Une fois trouvé, il faut encore avoir le courage et la force de la parcourir.                                                             
Xavier Thévenot Vie sexuelle et vie Chrétienne
Collection "Première bibliothèque de connaissances religieuses"
Mame, Paris 1982, pp. 30-31

 

Trois Vieillards

Un jour, une femme sort de sa maison et voit trois vieillards avec de longues barbes blanches, assis devant chez elle. Elle ne les reconnaît pas. Elle leur dit "Je ne pense pas que je vous connaisse, mais vous devez avoir faim, s'il vous plaît entrez et je vous donnerai quelque chose à manger."
"Est-ce que les enfants de la maison sont là ?" ont-ils demandé. "Non, ils sont sortis." leur répondit-elle. "Alors nous ne pouvons pas entrer", ont-ils répondu.
En fin d'après-midi lorsque les enfants reviennent de l'école, la femme raconte son aventure avec les trois hommes aux gamins. "Va leur dire que nous sommes à la maison et invite-les à entrer !" dirent-ils à leur mère. La femme sort et invite les hommes à entrer dans la maison. "Nous n'entrons jamais ensemble dans une maison," ont-ils répondu. Un des vieillards explique : "Son nom est Richesse," dit-il en indiquant un de ses amis et, en indiquant l'autre, «Lui c'est Succès et moi je suis Amour." Il a alors ajouté, "Retourne à la maison et discute avec ta famille pour savoir lequel d'entre nous vous voulez dans votre maison."
La femme retourne à la maison et dit à son famille ce qui avait été dit. "Comme c'est étrange !", s'exclament les enfants. "Puisque c'est le cas, nous allons inviter Richesse! La mère n'est pas d'accord. "Pourquoi n'inviterions-nous pas Succès? Votre père en aurait bien besoin dans ses affaires... La plus petite, qui suce encore son pouce, s'exprime à son tour: ''Veux mamours, veux mamours...'' Les parents fondent devant tant de câlinerie enfantine et la mère invite Amour à entrer...Amour se lève et commence à marcher vers la maison. Les deux autres se lèvent aussi et le suivent. Étonnée, la femme demande à Richesse et Succès : "J'ai seulement invité Amour. Pourquoi venez-vous aussi?" Les vieillards lui répondent ensemble : "Si vous aviez invité Richesse ou Succès les deux autres d'entre nous serions restés dehors, mais puisque vous avez invité "Amour", partout où il va, nous allons avec lui, puisque partout où il y a de l'Amour, il y a aussi de la Richesse et du "Succès" !

dimanche 21 novembre 2010

Dimanche 21 novembre 2010 : solennité du Christ, Roi de l'Univers

Évangile de Jésus-Christ selon saint Luc 23,35-43.
On venait de crucifier Jésus, et le peuple restait là à regarder. Les chefs ricanaient en disant : « Il en a sauvé d'autres : qu'il se sauve lui-même, s'il est le Messie de Dieu, l'Élu ! » Les soldats aussi se moquaient de lui. S'approchant pour lui donner de la boisson vinaigrée, ils lui disaient : « Si tu es le roi des Juifs, sauve-toi toi-même ! » Une inscription était placée au-dessus de sa tête : « Celui-ci est le roi des Juifs. » L'un des malfaiteurs suspendus à la croix l'injuriait : « N'es-tu pas le Messie ? Sauve-toi toi-même, et nous avec ! » Mais l'autre lui fit de vifs reproches : « Tu n'as donc aucune crainte de Dieu ! Tu es pourtant un condamné, toi aussi ! Et puis, pour nous, c'est juste : après ce que nous avons fait, nous avons ce que nous méritons. Mais lui, il n'a rien fait de mal. » Et il disait : « Jésus, souviens-toi de moi quand tu viendras inaugurer ton Règne. » Jésus lui répondit : « Amen, je te le déclare : aujourd'hui, avec moi, tu seras dans le Paradis. »  

Extrait de la Traduction Liturgique de la Bible - © AELF, Paris

…Roi, royaume, voici bien des mots qui évoquent pour nous la puissance, la richesse, les fastes, le luxe,…Mais la royauté du Christ est d’un tout autre ordre : c’est une royauté selon le cœur de Dieu, une royauté de service, d’amour, de miséricorde. Ce royaume de Dieu, Jésus est déjà venu l’inaugurer : «…  Aujourd’hui tu seras avec moi …». En effet, le Royaume de Dieu est à la fois « don de Dieu et œuvre des hommes et des femmes de tous les temps » disait Fabien Deleclos : quand nous vivons les béatitudes et le grand commandement de l’amour mutuel, le royaume de Dieu est bel et bien une réalité. Quand nous œuvrons à mettre l’homme debout, à lui rendre sa dignité, alors, le Royaume de Dieu est en marche.




Béatitudes
Il est vraiment vivant,
celui qui s’en remet à Dieu ;
il est capable d’aimer.
Il s’accomplit, celui qui accepte ses limites ;
il est entré au royaume de l’amour.
Il est vraiment vivant, celui qui a mal aux autres ;
Dieu essuiera ses larmes.
Il s’accomplit, celui que le souci et la gloire de Dieu
ne laissent jamais tranquille ; il sera ébloui.
Il est vraiment vivant, celui qui déborde de tendresse ;
la tendresse de Dieu débordera sur lui.
Il s’accomplit, celui qui regarde les autres tels qu’ils sont ;
il verra Dieu tel qu’il est.
Il est vraiment vivant, celui qui s’acharne
à réconcilier les frères ennemis ; il sera né de Dieu.
Stan Rougier
jeudi 16 octobre 2003  d’après Matthieu 5, 2-9
dans le supplément au n°905 du bulletin salésien

La cithare du bonheur
C'était un homme droit et sincère qui cherchait le chemin du bonheur, qui cherchait le chemin de la vérité. Il alla un jour trouver un vénérable maître soufi dont on lui avait assuré qu'il pourrait les lui indiquer. Celui-ci l'accueillit aimablement devant sa tente et, après lui avoir servi le thé à la menthe, lui révéla l'itinéraire tant attendu : « C'est loin d'ici, certes, mais tu ne peux te tromper : au cœur du village que je t'ai décrit, tu trouveras trois échoppes. Là te sera révélé le secret du bonheur et de la vérité. »
La route fut longue. Le chercheur d'absolu passa maints cols et rivières. Jusqu'à ce qu'il arrive en vue du village dont son cœur lui dit très fort : « C'est là le lieu ! Oui, c'est là ! » Hélas ! Dans chacune des trois boutiques il ne trouva comme marchandises que rouleaux de fils de fer dans l'une, morceaux de bois dans l'autre et pièces éparses de métal dans le troisième. Las et découragé, il sortit du village pour trouver quelque repos dans une clairière voisine.
La nuit venait de tomber. La lune remplissait la clairière d'une douce lumière. Lorsque tout à coup se fit entendre une mélodie sublime. De quel instrument provenait-elle donc ? Il se dressa tout net et avança en direction du musicien. Lorsque, stupéfaction, il découvrit que l'instrument céleste était une cithare faite de morceaux de bois, des pièces de métal et des fils d'acier qu'il venait de voir en vente dans les trois échoppes du village.
A cet instant, il connut l'éveil. Et il comprit que le bonheur est fait de la synthèse de tout ce qui nous est déjà donné, mais que notre tâche d'hommes intérieurs est d'assembler tous ces éléments dans l'harmonie.
Conte soufi

dimanche 14 novembre 2010

Dimanche 14 novembre 2010 : trente-troisième dimanche du temps ordinaire.

Évangile de Jésus-Christ selon saint Luc 21,5-19.

Certains disciples de Jésus parlaient du Temple, admirant la beauté des pierres et les dons des fidèles. Jésus leur dit : « Ce que vous contemplez, des jours viendront où il n'en restera pas pierre sur pierre : tout sera détruit. » Ils lui demandèrent : « Maître, quand cela arrivera-t-il, et quel sera le signe que cela va se réaliser ? » Jésus répondit : « Prenez garde de ne pas vous laisser égarer, car beaucoup viendront sous mon nom en disant : 'C'est moi', ou encore : 'Le moment est tout proche. ' Ne marchez pas derrière eux ! Quand vous entendrez parler de guerres et de soulèvements, ne vous effrayez pas : il faut que cela arrive d'abord, mais ce ne sera pas tout de suite la fin. » Alors Jésus ajouta : « On se dressera nation contre nation, royaume contre royaume. Il y aura de grands tremblements de terre, et çà et là des épidémies de peste et des famines ; des faits terrifiants surviendront, et de grands signes dans le ciel. Mais avant tout cela, on portera la main sur vous et l’on vous persécutera ; on vous livrera aux synagogues, on vous jettera en prison, on vous fera comparaître devant des rois et des gouverneurs, à cause de mon Nom. Ce sera pour vous l'occasion de rendre témoignage. Mettez-vous dans la tête que vous n'avez pas à vous soucier de votre défense. Moi-même, je vous inspirerai un langage et une sagesse à laquelle tous vos adversaires ne pourront opposer ni résistance ni contradiction. Vous serez livrés même par vos parents, vos frères, votre famille et vos amis, et ils feront mettre à mort certains d'entre vous. Vous serez détestés de tous, à cause de mon Nom. Mais pas un cheveu de votre tête ne sera perdu. C'est par votre persévérance que vous obtiendrez la vie.

Extrait de la Traduction Liturgique de la Bible - © AELF, Paris

Dans l’évangile de ce dimanche, Luc utilise le style apocalyptique de l’Ancien Testament. Il nous rappelle le caractère provisoire des réalisations humaines : toutes nos constructions, toutes nos institutions sont vouées à disparaître un jour ou l’autre mais nous ne devons pas nous affoler car ce qui viendra ensuite c’est la vie au sein même du cœur de Dieu. Ne perdons pas notre temps à essayer de connaître la date exacte, à nous enliser dans des prédictions toutes plus loufoques les unes que les autres, mais prenons nos responsabilités dans le monde qui est le nôtre aujourd’hui. En effet, la terre que nous habitons nous a été confiée, nous n’en sommes que les locataires et nous avons à en prendre soin, à la respecter. La mission du chrétien ici bas, c’est de mettre l’homme debout, de construire une société où l’homme comme la nature sera respecté dans toute sa diversité.

 


Au fond de la tasse
Il arrive qu’on ne trouve pas son thé très bon. La cause, on la découvre en arrivant au fond de la tasse : le sucre. Il y était. Mais justement, il était au fond. Il aurait fallu remuer !
 Peut-être ce qui manque à nos vies est aussi resté au fond. Notre vie n’a pas la saveur qu’elle pourrait avoir parce que nous n’avons pas l’idée d’aller au fond des choses, ou parce que nous ne le voulons pas. Le progrès nous comble de ses biens et nous fait vivre dans un confort incroyable. Pourtant notre civilisation a un drôle de goût… Nous faisons la grimace, comme pour le thé sans sucre…
 Si on essayait de remuer la vie, doucement, jusqu’à ce que les secrets de Dieu montent un peu dans nos journées ...

 

 

Gagner le Paradis

Un homme arrive au Paradis. Saint Pierre vient à sa rencontre au seuil de la porte.
- Voici le règlement, explique-t-il au nouveau venu. Vous avez besoin de cent points pour rentrer. Racontez-moi tout ce que vous avez fait de bon dans votre vie et je vous accorderai un certain nombre de points pour chacune de ces actions, selon leur importance. Dès que vous atteignez cent points, vous êtes bon pour le Ciel !
- Très bien, répond notre homme. J’ai été marié avec la même femme pendant 50 ans et je ne l’ai jamais trompée, même en pensée.
- Fantastique ! rétorque saint Pierre. Cela vaut bien trois points !
- Trois points ? reprend l’homme. Bon... J’ai aussi été à la messe tous les dimanches. J’ai été très actif dans ma paroisse et j’ai payé régulièrement le denier du culte.
- Génial ! s’exclame saint Pierre. Cela vaut bien un point !
- Un point ?... Ah ! Autre chose : j’ai lancé une soupe populaire dans ma ville et j’ai oeuvré auprès des plus pauvres.
- Félicitations ! Deux points en plus !
- Deux points ? s’écrie l’homme. A ce compte-là, mon seul espoir d’aller au Ciel repose sur la Grâce et la Miséricorde de Dieu !
- Viens... Sois le bienvenu au Paradis, dit alors saint Pierre. La Miséricorde de Dieu, ce sont les quatre-vingt-quatorze points qui te manquent.

 

dimanche 7 novembre 2010

Dimanche 07 novembre 2010 : trente-deuxième dimanche du temps ordinaire

Évangile de Jésus-Christ selon saint Luc 20,27-38.

Des sadducéens - ceux qui prétendent qu'il n'y a pas de résurrection - vinrent trouver Jésus, et ils l'interrogèrent : « Maître, Moïse nous a donné cette loi : Si un homme a un frère marié mais qui meurt sans enfant, qu'il épouse la veuve pour donner une descendance à son frère. Or, il y avait sept frères : le premier se maria et mourut sans enfant ; le deuxième, puis le troisième épousèrent la veuve, et ainsi tous les sept : ils moururent sans laisser d'enfants. Finalement la femme mourut aussi. Eh bien, à la résurrection, cette femme, de qui sera-t-elle l'épouse, puisque les sept l'ont eue pour femme ? » Jésus répond : « Les enfants de ce monde se marient. Mais ceux qui ont été jugés dignes d'avoir part au monde à venir et à la résurrection d'entre les morts ne se marient pas, car ils ne peuvent plus mourir : ils sont semblables aux anges, ils sont fils de Dieu, en étant héritiers de la résurrection. Quant à dire que les morts doivent ressusciter, Moïse lui-même le fait comprendre dans le récit du buisson ardent, quand il appelle le Seigneur : le Dieu d'Abraham, le Dieu d'Isaac, le Dieu de Jacob. Il n'est pas le Dieu des morts, mais des vivants ; tous vivent en effet pour lui. »


Extrait de la Traduction Liturgique de la Bible - © AELF, Paris


Le texte de l’évangile de ce dimanche illustre bien une préoccupation profondément humaine : y a-t-il quelque chose après la mort et, si oui, de quel ordre cela est-il ? Notre foi a-t-elle une réponse à nous proposer ? Luc place l’origine de ce débat dans la bouche des sadducéens (eux, ils ont tranché : il n’y a rien) qui viennent trouver Jésus afin de lui demander un arbitrage dans la querelle qui les oppose aux pharisiens à propos de la résurrection. Jésus va leur répondre sans ambages en leur proposant une troisième voie : la vie éternelle qui nous attend après la mort est toute autre, elle est d’un ordre différent : nous sommes appelés à vivre pleinement de la vie même de Dieu, libérés des contraintes de notre condition humaine. Or la sexualité, qui est citée ici comme enjeu du débat, n’a plus de raison d’être en dehors de notre condition de mortel, les relations prendront d’autres couleurs mais notre raisonnement humain ne nous permet pas d’imaginer à quoi ressemblera notre vie future puisque notre intelligence même est bridée par notre condition d’être mortel.
Enfin, Jésus termine par l’essentiel de son message : Dieu est le dieu des vivants, il nous incombe donc dès aujourd’hui de vivre en ressuscités et de mettre l’accent dans notre existence sur l’essentiel : comment pouvons-nous être des ferments d’amour dans la pâte qu’est notre société ?



Les biscuits
Un jour, une dame qui attendait son vol dans un aérogare, alla dans une boutique pour trouver un bon livre, acheta en même temps un sac de biscuits, puis s'assit pour lire.
Bien qu'absorbée dans sa lecture, elle s'aperçut que l'homme à côté d'elle, effronté s'il en fut, prenait un ou deux biscuits dans le sac posé entre eux. Elle fit mine de ne rien voir pour éviter un esclandre fâcheux en public. Elle lisait, mangeait des biscuits et surveillait le départ des avions, tandis que le "voleur de biscuits" se goinfrait à même ses provisions. De plus en plus agacée à mesure que le temps passait, elle songeait : "Si je n'étais pas si aimable, je le giflerais."
Chaque fois qu'elle prenait un biscuit, l'homme sans gêne se servait. Lorsqu'il n'en resta qu'un seul, elle se demanda comment il réagirait. L'air content, il eut un petit rire nerveux, puis il prit le dernier biscuit, le cassa en deux, lui offrit une moitié et mangea sa part. Lui arrachant des mains, elle se dit : "Je n'en reviens pas, cet homme a du culot et ne pourrait pas être plus impoli, vraiment, il ne me dit même pas merci !"
Elle ne se rappelait pas avoir été aussi exaspérée. Aussi soupira-t-elle d'aise, lorsque son vol fut annoncé. Rassemblant ses affaires, elle partit prendre son avion, sans même regarder l'ingrat voleur de biscuits.
Une fois à bord et confortablement installée, elle chercha son livre qu'elle avait presque terminé. En fouillant dans son sac, elle fut estomaquée, ses biscuits étaient là, sous ses yeux étonnés. "Si mes biscuits sont ici, pensa-t-elle, désespérée, alors les autres étaient les siens, que je lui ai volé moi-même et qu'il a bien voulu partager !"
Trop tard pour s'excuser, elle se rendit compte, malheureuse, que c'était elle l'impolie, l'ingrate, la voleuse !
Miroir, miroir, mon beau miroir !... combien de fois accusons-nous les autres alors que nous ne remarquons pas ce que nous faisons nous-mêmes...
Anonyme

La Chaise Vide

 
La fille d'un homme avait demandé au pasteur de sa localité  de venir prier avec son père.  Lorsque le pasteur arriva, il trouva l'homme étendu dans son lit  avec sa tête soulevée par deux oreillers. Il y avait une chaise vide à côté de son lit.
Le pasteur supposant que le vieil homme savait qu'il venait et attendait sa visite, dit:
«J'imagine que vous m'attendiez.»  
«Mais non, mais qui êtes vous?» dit le père.
Le pasteur lui dit son nom, puis il fit la remarque:
«J'ai vu la chaise vide, alors j'en ai déduit que vous saviez que j'allais venir!»
«Ah oui… la chaise.» dit l'homme dans le lit.
«Pourriez-vous fermer la porte s'il vous plaît?»
Un peu confus, le pasteur ferma la porte.
«Je n'avais jamais dit cela à personne, même pas à ma fille.» dit l'homme.
«Mais durant toute ma vie, j'ai jamais su comment prier.
À l'église j'avais l'habitude d'entendre le pasteur parler de la prière,
mais cela me passait par dessus la tête.»
«J'ai abandonné toute tentative de prière,» continua le vieil homme, «jusqu'au jour où, il y a à peu près 4 ans, mon meilleur ami me dit:
«Jean, la prière c'est simplement une question d'avoir une conversation avec Jésus. Voici ce que je te suggère: Assieds-toi sur une chaise, et mets une chaise vide en face de toi, et dans la foi, vois Jésus assis sur la chaise.
Ce n'est pas effrayant ou étrange, parce qu'il a fait cette promesse en disant:
«Je serai toujours avec vous.» Puis parle-lui de la même manière que tu le fais avec moi maintenant.»
«Alors j'ai essayé, et j'ai tellement aimé ça, que maintenant je le fais quelques heures chaque jour. Je fais très attention par contre. Si ma fille me voyait parler à une chaise vide, soit elle ferait  une dépression, soit elle m'enverrait à la maison de fous.»
Le pasteur était si profondément touché par l'histoire qu'il encouragea le vieil homme à continuer son voyage de cette façon. Alors il pria avec lui, le oignit d'huile,
et retourna à l'église.
Deux soirs plus tard, la fille du vieil homme appela le pasteur pour lui dire que son papa était mort cet après-midi là.
«Est-il mort en paix?»
«Oui, et lorsque j'ai quitté la maison vers 2 heures, il m'a appelé près de son lit, il m'a dit qu'il m'aimait, et m'a embrassée sur la joue. Lorsque je suis revenue du magasin,
une heure plus tard, je l'ai trouvé mort.» Et elle continua, «Mais il y avait quelque chose d'étrange à sa mort. Apparemment, juste avant de mourir, papa s'est penché
et s'est appuyé la tête sur la chaise près de son lit. Que déduisez-vous de cela?»
Le pasteur essuya une larme de son œil, et dit:
«J'aimerais tellement qu'on puisse tous partir de cette manière.»