Rechercher dans ce blog

dimanche 27 novembre 2011

Dimanche 27 novembre 2011 : premier dimanche de l'Avent.

Évangile de Jésus-Christ selon saint Marc 13,33-37.

Jésus parlait à ses disciples de sa venue : « Prenez garde, veillez : car vous ne savez pas quand viendra le moment.
Il en est comme d'un homme parti en voyage : en quittant sa maison, il a donné tout pouvoir à ses serviteurs, fixé à chacun son travail, et recommandé au portier de veiller.
Veillez donc, car vous ne savez pas quand le maître de la maison reviendra, le soir ou à minuit, au chant du coq ou le matin. Il peut arriver à l'improviste et vous trouver endormis. Ce que je vous dis là, je le dis à tous : Veillez ! »


Extrait de la Traduction Liturgique de la Bible - © AELF, Paris


L’Avent est un temps de préparation, c’est l’occasion de nous ajuster au Christ. Jésus nous invite à veiller, à vivre chaque minute de notre vie comme si c’était la dernière. Il n’est plus temps de tergiverser : en avant ! il est grand temps de nous mettre en route pour « aimer bien », c’est-à-dire, à l’image du Christ. Ce Royaume de paix, de fraternité et d’amour, c’est à nous de le construire à chaque minute de notre vie. Durant ce temps de préparation à la fête de Noël, nous sommes invités à créer des relations de qualité dans lesquelles chacun pourra s’épanouir en vérité, où chaque être humain que nous croiserons sur notre route pourra vivre un peu plus debout !




dimanche 20 novembre 2011

Dimanche 20 novembre 2011 : solennité du Christ Roi de l'univers.

Évangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu 25,31-46.

Jésus parlait à ses disciples de sa venue : « Quand le Fils de l'homme viendra dans sa gloire, et tous les anges avec lui, alors il siégera sur son trône de gloire.
Toutes les nations seront rassemblées devant lui ; il séparera les hommes les uns des autres, comme le berger sépare les brebis des chèvres : il placera les brebis à sa droite, et les chèvres à sa gauche.
Alors le Roi dira à ceux qui seront à sa droite : 'Venez, les bénis de mon Père, recevez en héritage le Royaume préparé pour vous depuis la création du monde.
Car j'avais faim, et vous m'avez donné à manger ; j'avais soif, et vous m'avez donné à boire ; j'étais un étranger, et vous m'avez accueilli ;
j'étais nu, et vous m'avez habillé ; j'étais malade, et vous m'avez visité ; j'étais en prison, et vous êtes venus jusqu'à moi ! '
Alors les justes lui répondront : 'Seigneur, quand est-ce que nous t'avons vu... ? tu avais donc faim, et nous t'avons nourri ? tu avais soif, et nous t'avons donné à boire ? tu étais un étranger, et nous t'avons accueilli ? tu étais nu, et nous t'avons habillé ? tu étais malade ou en prison... Quand sommes-nous venus jusqu'à toi ? '
Et le Roi leur répondra : 'Amen, je vous le dis : chaque fois que vous l'avez fait à l'un de ces petits qui sont mes frères, c'est à moi que vous l'avez fait. '
Alors il dira à ceux qui seront à sa gauche : 'Allez-vous-en loin de moi, maudits, dans le feu éternel préparé pour le démon et ses anges.
Car j'avais faim, et vous ne m'avez pas donné à manger ; j'avais soif, et vous ne m'avez pas donné à boire ; j'étais un étranger, et vous ne m'avez pas accueilli ; j'étais nu, et vous ne m'avez pas habillé ; j'étais malade et en prison, et vous ne m'avez pas visité. '
Alors ils répondront, eux aussi : 'Seigneur, quand est-ce que nous t'avons vu avoir faim et soif, être nu, étranger, malade ou en prison, sans nous mettre à ton service ? 'Il leur répondra : 'Amen, je vous le dis : chaque fois que vous ne l'avez pas fait à l'un de ces petits, à moi non plus vous ne l'avez pas fait. '
Et ils s'en iront, ceux-ci au châtiment éternel, et les justes, à la vie éternelle. »


Extrait de la Traduction Liturgique de la Bible - © AELF, Paris


Dans ce texte d’évangile, Matthieu nous rappelle à l’ordre : notre foi ne doit rester qu’une simple application de pratiques ou de rites religieux, elle doit se vivre au concret dans notre quotidien. Le Christ reviendra à la fin des temps, mais il est déjà présent parmi nous et trop souvent nous l’ignorons. Voici un extrait d’une intervention de  Don Helder Camara lors d’une célébration qui suivait un sacrilège : Tabernacle fracturé, ciboire renversé, hosties jetées dans la boue. Lors d’une célébration de réparation, il dit aux paroissiens : "Frères et sœurs, nous sommes aveugles. La découverte des hosties dans la boue nous a bouleversés, alors que chez nous le Christ dans la boue est un phénomène quotidien. C’est tous les jours que nous le rencontrons dans les taudis qui n’ont plus rien d’humain. Présent dans l’eucharistie, le Christ connaît une autre présence réelle. Dans la misère humaine"… C’est ce que vient de nous rappeler l’évangile.


L’enfer et le paradis.

......  Un saint homme tenait un jour une conversation avec Dieu ...
 il lui dit : - Seigneur, j'aimerais savoir comment est le paradis et comment est l'enfer
Dieu conduisit le saint homme vers deux portes.
Il ouvrit l'une d'entre elles et permit ainsi au saint homme de regarder l'intérieur.
Au milieu de la pièce, il y avait une immense table ronde.
Et, au milieu de la table, il y avait une grosse marmite contenant un ragoût à l'arôme délicieux....
Le saint homme saliva d'envie.  Les personnes assises autour de la table étaient maigres et livides. Elles avaient, toutes, l'air affamé.
Elles tenaient des cuillères aux très longs manches, attachés à leurs bras. Toutes pouvaient atteindre le plat de ragoût et remplir une cuillerée.
Mais, comme le manche de la cuillère était plus long que leurs bras, elles ne pouvaient ramener les cuillères à leur bouche.
Le saint homme frissonna à la vue de leur misère et de leurs souffrances.
Dieu lui dit:
- Tu viens de voir l'enfer.
Tous deux se dirigèrent alors vers la seconde porte. Dieu l'ouvrit, et la scène que vit le saint homme était identique à la précédente. Il y avait la grande table ronde, la marmite de délicieux ragoût, qui fit encore saliver le saint homme.
Les personnes autour de la table étaient également équipées de cuillères aux longs manches. Mais, cette fois, les gens étaient bien nourris, replets, souriants et se parlaient en riant.
Le saint homme dit à Dieu:
- Je ne comprends pas !
- Eh bien, c'est simple, répondit Dieu à sa demande, c'est juste une question d'habileté.  Ils ont appris à se nourrir les uns les autres, tandis que les gloutons et les égoïstes ne pensent qu'à eux-mêmes.
Il faut croire que l''enfer est bien souvent sur terre !!!" .....

 

dimanche 13 novembre 2011

Dimanche 13 novembre 2011 : trente-troisième dimanche du temps ordinaire.

Évangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu 25,14-30.

Jésus parlait à ses disciples de sa venue ; il disait cette parabole : « Un homme, qui partait en voyage, appela ses serviteurs et leur confia ses biens.
A l'un il donna une somme de cinq talents, à un autre deux talents, au troisième un seul, à chacun selon ses capacités. Puis il partit.
Aussitôt, celui qui avait reçu cinq talents s'occupa de les faire valoir et en gagna cinq autres.
De même, celui qui avait reçu deux talents en gagna deux autres.
Mais celui qui n'en avait reçu qu'un creusa la terre et enfouit l'argent de son maître.
Longtemps après, leur maître revient et il leur demande des comptes.
Celui qui avait reçu les cinq talents s'avança en apportant cinq autres talents et dit : 'Seigneur, tu m'as confié cinq talents ; voilà, j'en ai gagné cinq autres. -
Très bien, serviteur bon et fidèle, tu as été fidèle pour peu de choses, je t'en confierai beaucoup ; entre dans la joie de ton maître. '
Celui qui avait reçu deux talents s'avança ensuite et dit : 'Seigneur, tu m'as confié deux talents ; voilà, j'en ai gagné deux autres. -
Très bien, serviteur bon et fidèle, tu as été fidèle pour peu de choses, je t'en confierai beaucoup ; entre dans la joie de ton maître. '
Celui qui avait reçu un seul talent s'avança ensuite et dit : 'Seigneur, je savais que tu es un homme dur : tu moissonnes là où tu n'as pas semé, tu ramasses là où tu n'as pas répandu le grain.
J'ai eu peur, et je suis allé enfouir ton talent dans la terre. Le voici. Tu as ce qui t'appartient. '
Son maître lui répliqua : 'Serviteur mauvais et paresseux, tu savais que je moissonne là où je n'ai pas semé, que je ramasse le grain là où je ne l'ai pas répandu.
Alors, il fallait placer mon argent à la banque ; et, à mon retour, je l'aurais retrouvé avec les intérêts.
Enlevez-lui donc son talent et donnez-le à celui qui en a dix.
Car celui qui a recevra encore, et il sera dans l'abondance. Mais celui qui n'a rien se fera enlever même ce qu'il a.
Quant à ce serviteur bon à rien, jetez-le dehors dans les ténèbres ; là il y aura des pleurs et des grincements de dents ! '


Extrait de la Traduction Liturgique de la Bible - © AELF, Paris

Les talents dont il est question dans cette parabole, c’est l’amour que Dieu donne à chaque être humain. Cet amour, nous avons à le faire grandir en le donnant, à notre tour, à tous ceux que nous croisons sur notre route. L’économie du Royaume ne fonctionne pas selon les règles de la bourse, au contraire, plus nous sommes prodigues avec l’amour reçu, plus celui-ci peut grandir et s’épanouir. Le défi nous est donc lancé : à nous de le relever et de participer à l’avènement d’un monde qui soit à l’image du rêve de Dieu.



Les deux loups intérieurs


Un homme âgé dit à son petit-fils, venu le voir très en colère contre un ami qui s'était montré injuste envers lui :
" Laisse-moi te raconter une histoire...
Il m'arrive aussi, parfois, de ressentir de la haine contre ceux qui se conduisent mal et n'en éprouvent aucun regret.
Mais la haine t'épuise, et ne blesse pas ton ennemi.
C'est comme avaler du poison et désirer que ton ennemi en meure.
J'ai souvent combattu ces sentiments"
Il continua :" C'est comme si j'avais deux loups à l'intérieur de moi;
le premier est bon et ne me fait aucun tort.
Il vit en harmonie avec tout ce qui l'entoure et ne s'offense pas lorsqu'il n'y a pas lieu de s'offenser.
Il combat uniquement lorsque c'est juste de le faire, et il le fait de manière juste.
Mais l'autre loup, ahhhh...! Il est plein de colère.
La plus petite chose le précipite dans des accès de rage.
Il se bat contre n'importe qui, tout le temps, sans raison.
Il n'est pas capable de penser parce que sa colère et sa haine sont immenses.
Il est désespérément en colère, et pourtant sa colère ne change rien.
Il est parfois si difficile de vivre avec ces deux loups à l'intérieur de moi, parce que tous deux veulent dominer mon esprit."

Le garçon regarda attentivement son grand-père dans les yeux et demanda :
" Lequel des deux loups l'emporte, grand-père ?"
Le grand-père sourit et répondit doucement :
"Celui que je nourris."


Anonyme

dimanche 6 novembre 2011

Dimanche 06 novembre 2011 : trente-deuxième dimanche du temps ordinaire

Évangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu 25,1-13.

Jésus parlait à ses disciples de sa venue ; il disait cette parabole : « Le royaume des cieux sera comparable à des jeunes filles invitées à des noces, qui prirent leur lampe et s'en allèrent à la rencontre de l'époux.
Cinq d'entre elles étaient insensées, et cinq étaient prévoyantes :
les insensées avaient pris leur lampe sans emporter d'huile,
tandis que les prévoyantes avaient pris, avec leur lampe, de l'huile en réserve.
Comme l'époux tardait, elles s'assoupirent toutes et s'endormirent.
Au milieu de la nuit, un cri se fit entendre : 'Voici l'époux ! Sortez à sa rencontre. '
Alors toutes ces jeunes filles se réveillèrent et préparèrent leur lampe.
Les insensées demandèrent aux prévoyantes : 'Donnez-nous de votre huile, car nos lampes s'éteignent. '
Les prévoyantes leur répondirent : 'Jamais cela ne suffira pour nous et pour vous ; allez plutôt vous en procurer chez les marchands. '
Pendant qu'elles allaient en acheter, l'époux arriva. Celles qui étaient prêtes entrèrent avec lui dans la salle des noces et l'on ferma la porte.
Plus tard, les autres jeunes filles arrivent à leur tour et disent : 'Seigneur, Seigneur, ouvre-nous ! '
Il leur répondit : 'Amen, je vous le dis : je ne vous connais pas. '
Veillez donc, car vous ne savez ni le jour ni l'heure.

Extrait de la Traduction Liturgique de la Bible - © AELF, Paris





Voici encore une parabole qui met en lumière deux attitudes : ceux qui ont tout reçu et qui se contentent d’attendre ce que leurs « mérites » doit leur apporter et ceux qui s’appuient sur les dons reçus pour  se mettre en route et transformer cette attente en un chemin de construction pour le Royaume. Le défi qui nous est lancé aujourd’hui, c’est de ne pas nous laisser écraser par les soucis du quotidien (même s’ils sont importants et doivent être rencontrés) mais de continuer à soigner en priorité la qualité de nos relations, de notre manière de vivre avec nous-mêmes et avec les autres. « Là où est ton trésor, là aussi est ton cœur ! », nous devons faire des choix,  établir des priorités sinon, nous risquons fort de nous perdre dans la masse des préoccupations quotidiennes et de passer à côté de l’essentiel, nous risquons de fonctionner plutôt que de vivre.


L'Ambitieux Tailleur de pierre

Un tailleur de pierre se rendait tous les jours au pied d'un grand rocher de la montagne pour en détacher des fragments dont il faisait des pierres tombales ou des murs de maisons. Il connaissait toutes les sortes de pierres et leurs différentes utilisations, et comme c'était un excellent artisan, sa clientèle était nombreuse et assidue. Ainsi, pendant longtemps, il vécut heureux, ne souhaitant rien de plus que ce que la vie lui accordait.
Or, dans la montagne vivait un génie qui, de temps en temps, apparaissait aux hommes pour les aider de toute sa puissance.
Le tailleur de pierre n'avait jamais vu ce génie et quand les gens en parlaient devant lui, il haussait les épaules parce qu'il ne voulait pas croire à son existence.
Un jour, le tailleur de pierre se rendit chez un riche seigneur des environs pour lui livrer une pierre tombale, et les merveilles qu'il aperçut dans le palais l'empêchèrent désormais de dormir. Du jour au lendemain, son travail lui parut pénible, sa vie terne et sans joie.
- Ah, si j'étais riche, pensait-il, je dormirais dans un lit à baldaquin orné de soie brodée, frangée d'or, et comme je serais heureux!
Une voix lui répondit :
- Ton vœu a été entendu. Tu seras aussi riche que tu l'as souhaité!
En entendant cette voix, le tailleur de pierre s'arrêta de travailler et regarda autour de lui. Mais il ne vit personne. Croyant être le jouet d'une illusion, il ramassa ses outils et prit le chemin du retour car il n'avait plus de cœur à l'ouvrage.
En arrivant devant sa maison, il s'arrêta, ébahi. A la place de la petite hutte, où il avait vécu, s'élevait un palais magnifique, orné de meubles précieux et d'un lit splendide, exactement semblable à celui qu'il avait tant admiré.
Le tailleur de pierre laissa éclater sa joie. Il entra dans le palais et y vécut en jouissant de ses richesses. Il oublia bientôt la pénible existence qu'il avait menée jusqu'alors.
L'été commençait à peine et déjà le soleil impitoyable brûlait la terre. Un matin, la chaleur était telle que le tailleur de pierre décida de passer la journée dans son palais, derrière des volets clos. Comme de sa fenêtre il observait le trafic de la rue, une petite voiture vint à passer, traînée par des laquais vêtus de costumes bleu et or. Dans la voiture, un prince était assis. Un laquais tenait au-dessus de sa tête une ombrelle pour le protéger du soleil.
- Ah, si j'étais prince, soupira le tailleur de pierre, je roulerais en carrosse et je serais protégé du soleil par une ombrelle de soie: comme je serais heureux!
Le génie de la montagne répondit :
- Ton vœu a été entendu. Tu seras prince.
Et il devint prince. Son fauteuil fut précédé d'une compagnie de soldats et suivi d'une autre, et des laquais en livrée rouge et or le portaient tandis qu'un autre laquais le protégeait des rayons du soleil en tenant au-dessus de sa tête l'ombrelle de soie qu'il avait tant désirée. Tout était selon ses plus chers désirs. Mais il n'était pas encore content. Regardant autour de lui, il vit que les pelouses de son jardin, pourtant copieusement arrosées, séchaient au soleil et que, malgré l'ombrelle, son visage brunissait un peu plus chaque jour. Alors, en colère, il s'écria :
- Le soleil est plus fort que moi! Ah si seulement j'étais le soleil!
Le génie de la montagne lui répondit :
- Ton vœu a été entendu. Tu seras le soleil !
Et il devint le soleil, fier et tout-puissant. Il darda ses rayons vers la terre et vers les cieux. Et sur la terre tout se dessécha, les arbres et les plantes, les visages des riches comme ceux des pauvres. Il se plaisait à manifester sa puissance, et son orgueil ne connaissait plus de bornes. En contemplant la grande sécheresse qui ravageait la terre, il se sentait le plus fort.
Mais, lorsqu'un nuage passa devant lui, protégeant la terre, la colère le saisit à nouveau :
- Un nuage peut vaincre mes rayons? II est donc plus fort que moi? Ah, si j'étais nuage, c'est moi qui serais le plus fort!
Le génie de la montagne lui répondit :
- Ton vœu a été entendu. Tu seras nuage.
Et il devint nuage, flottant entre le soleil et la terre, et retenant les rayons meurtriers, à sa grande joie, la terre se couvrit de verdure et de fleurs.
Après avoir joui de sa victoire, il voulut exercer aveuglément son pouvoir. Pendant des jours et des semaines, il versa de la pluie, faisant déborder les fleuves, inondant les rizières, saccageant villes et villages sous des torrents d'eau. Seuls les rochers de la montagne demeuraient impassibles. Le nuage, en les voyant toujours aussi calmes et majestueux, s'écria :
- Le rocher est donc plus fort que moi? Ah, si seulement j'étais un rocher!
Le génie de la montagne lui répondit :
- Ton vœu a été entendu. Tu seras rocher.
Et il devint rocher, fier et majestueux, méprisant l'ardeur du soleil aussi bien que la pluie.
- Je suis vraiment très fort, se dit-il satisfait. Cependant, un jour, il entendit un bruit curieux et, regardant à ses pieds, il vit un tailleur de pierre qui l'attaquait avec un pic ! Et au moment où il le regardait travailler, un énorme bloc de pierre se détacha et alla rouler dans la plaine. Dans sa colère, le roc s'écria :
- Un faible enfant de la terre est plus fort que moi! Ah, pourquoi ne suis-je pas un homme!
Le génie de la montagne lui répondit :
- Ton vœu a été entendu. Tu redeviendras un homme.
Et il redevint un homme. Il reprit le métier de tailleur de pierre. Il se rendit tous les jours au pied d'un grand rocher de la montagne pour en détacher des fragments. Il en faisait des pierres tombales et des murs de maisons. Il allait les vendre aux riches et aux princes, bravant le soleil et la pluie. Le soir, il quittait la montagne pour rentrer dans sa petite hutte. Sa couche était dure et sa table peu garnie, mais il avait appris à s'en contenter, et il ne songea plus à être autre chose que ce qu'il était.

Histoire recueillie et adaptée par Philippe SOUPAULT et Ré SOUPAULT.